Col du Joly,

ma toute première expérience off-road


Samedi 9 novembre 2024, 6h00

Depuis presque deux semaines, nous nous sommes mis d’accord avec Farid, pilotant une excellente Royal Enfield Himalayan, pour vivre ensemble notre toute première expérience off-road. Si le temps le permet, histoire de ne pas se mettre d’emblée en difficulté, nous partons aux aurores pour déguster notre petit déjeuner au point culminant de notre expérience très sept3quarts dans le principe, très épicurienne. 

Le baromètre est de la partie, tous les feux sont au vert. Puis la nouvelle tombe la vieille tardivement, Farid vient de perdre un proche, et bien entendu renonce. Je me retrouve donc seul, face à une décision importante à prendre. Y aller malgré tout, ou bien renoncer moi aussi en attendant une opportunité de groupe.

6h00, le téléphone vibre joyeusement, je suis réveillé depuis 1h environ. Je passe le temps nécessaire à consulter le groupe facebook sur lequel j’ai posté ma solitude. J’ai des réactions bienveillantes, mais pas de “trailiste” pour m’accompagner. Puis je me lève, prépare ce café from Brésil torréfié par Cafeophil, m’habille, puis décolle. Je passe prendre croissant et pain au chocolat, et deux magnifiques “Délices jambon”, le tout chez l’un de nos deux boulangers favoris, “Le Fournil du Loup”, que je conseille fortement. Un arrêt rapide pour compléter mon plein de carburant, et direction les Contamines Montjoie, station familiale de moyenne altitude surplombant Saint Gervais, et qui représente le point de départ de la trace que j’ai décidé de suivre, éditée par Mister Oliv’, youtuber local et membre du groupe dont je parlais précédemment.


Samedi 9 novembre 2024, 8h40

Je me présente au pied de la toute première montée, très, très pentue pour mon œil non averti. Je ne pense pas être exactement au bon endroit sur le moment, car ça grimpe vraiment direct en sortie de goudron. Le terrain apparaît gravillonneux et jonché de belles pierres prêtes à rouler sous mes pneus. Pneus dont je décide de réduire la pression, pour éviter au maximum les effets rebond de la roue avant, et garantir une bonne traction de la roue arrière. Je roule toujours avec les gommes d’origine, bien qu’elles soient extrêmement réputées, elles demeurent des 80%-20% off road. Je réduis donc la pression de AV 2.2 à 1.8 et AR 2.7 à 1.8. Le ciel est parfaitement clair, l’humidité est à son minimum ici, puisque quelques kilomètres en contrebas j’étais dans un brouillard très dense, que la gopro équipée de son module média n’a d’ailleurs pas apprécié. Elle refuse catégoriquement de démarrer.

Puis je fais quelques mouvements pour me réchauffer et… m’échauffer. Je me détends au maximum, je fais le vide dans mon esprit. La seule chose qui me vienne en cet instant, sont les mots d’un autre youtuber qu’il me plait à suivre, Khoun-Sith Vongsana. Car bien avant d’être un professionnel de la vidéo, il était pilote tricolore en championnat du monde MX, et aujourd’hui instructeur au sein de sa propre école de pilotage de motocross et enduro. Sa chaîne, orientée pratique du Trail, me touche par son côté techniques pures expliquées simplement. Position de pilotage sur les montées et les descentes, pourquoi se positionner plus ou moins en arrière, appuyé plus ou moins sur le guidon, comment gérer les freins, etc… Je ne pense plus qu’à ses mots, dorénavant directement dans le dur d’une montée caillouteuse.


Samedi 9 novembre 2024, 8h52, alt 1164m

Je mets le moteur en route, je fais un rond sur le parking, et je m’élance dans la trace.

Sans caméra embarquée, difficile de vous faire comprendre de quoi il en retourne, mais je réussi à ne penser qu’à deux choses : Garder de la vitesse en conservant de la motricité, en lisant ma trajectoire à suivre du mieux possible pour éviter autant que possible les pierriers, sorte de flaques de cailloux dans lesquels on pourrait facilement s’y tanker, obligeant à redescendre pour recommencer en passant autant que possible ailleurs. Toujours impressionné de voir certains trailistes frôler les apics en évoluant sur pistes en montagne, je me surprends à d’emblée vivre les mêmes moments, mais je reste étonnement calme. Ah oui, je me répète sans cesse :

-”respire mec, ouvre bien les yeux et respire !”. 

Arrivé en haut de cette montée, virage à 180°, et… merde… ça continue de monter, encore et toujours. En même temps, 13km pour passer à 1986m, soit un dénivelé positif de 822m, à quoi pouvais-je m’attendre ?

Il y a bien des moments de calme, plus roulants, permettant de faire passer les légères contractures musculaires, surtout dans mes avant-bras, mais chaque palier s’accompagne d’un nouveau moment de bravoure. Je suis seul, je n’ai croisé qu’un seul randonneur, la pression de ne pas chuter s’ajoute aussi à mon instinct de survie… Débutant, niveau sportif au strict minimum, seul ce matin, je cumule les handicaps, alors je reste sur le qui-vive et ma dépense d’énergie tant physique que mentale est à son paroxysme.

Je profite de quelques arrêts pour prendre des photos, puis, le Col du Joly se dévoile enfin. 45 minutes intenses se terminent en apothéose par une toute dernière marche avant de trouver le réconfort de mon café viennoiseries face au soleil et surtout, face au Mont-Blanc.


Samedi 9 novembre 2024, 9h42

Moteur éteint, je m’installe pour cette pause hautement méritée. J’ouvre délicatement mon sac étanche, duquel s’écoule un liquide… disons non planifié. Oh non, pas le café !!!

Heureusement, il s’agit de la gourde d’eau dont le couvercle s’est légèrement, ouvert. Je vide mon sac de l’eau versée, et je profite pleinement du moment. 

À l'opposé de mon point d'arrivée, la voie serpente vers Hauteluce, plus bas, donnant accès au Lac de La Girotte et son exceptionnel Barrage Hydro-électrique. Je flâne, je m’inspire, puis l’heure de repartir sonne. Une question malgré tout m’assaille. Simplement par la route, toujours un gros plaisir et que je connais plutôt bien ? Ou je prends mon courage à deux roues et j’envisage la redescente par là d’où je viens ? Les graviers, pierres qui roulent, les pentes instables et deux cents possibilités d'arriver en bas sur son cul ?


Samedi 9 novembre 2024, 10h30

Je suis sur la moto, roulant au ralenti… sur le chemin.

Chaque pente suffisante est l’occasion de couper le moteur pour progresser en roues libres, et ainsi communier sans restriction avec mon environnement. Les dérapages de l’arrière et les glisses de l’avant ne réussissent pas à assombrir le tableau. La gopro a d’ailleurs reprit vie pendant ma pause, je me plais à filmer cette partie de ma courte aventure.

Et puis, à mi-chemin, je croise un motard en 890 ADV qui me fait signe, auquel je réponds. Mais alors qu’habitué à la route et aux échanges de sympathies sans la moindre suite, ici il s’arrête, et moi de freiner tout debout pour lui rendre la politesse. 

Un très chouette échange verbal, emplit de respect mutuel, rare, entre deux passionnés d’une pratique certes en vogue, et tellement plaisante pour celles et ceux qui osent franchir le cap du chemin. C’est juste là que la gopro fait encore des siennes, et se coupe seule. Je réussirai tout de même à ramener les images de la fameuse et terrible première montée - en descente - qui ne voulait décidément pas être montrée. Arrivé en bas, l’index droit totalement tétanisé par la gestion à un seul doigt du levier de frein, je remets la pression recommandée par le constructeur, et mon Tuareg qui une seconde avant dévalait les pistes rouge des Contamines Montjoie, redevient ce phénoménal petit démon routier.


Samedi 9 novembre 2024, 11h40

Je reste au maximum au dessus de la mer de nuages, en me faisant plaisir sur la route de Flaine, puis bifurquant par Châtillon sur Cluses avant de rentrer sur La Roche via Bonneville. Je rentre donc, après une seule demi-journée passée en selle, mais demi-journée tellement intense que je suis épuisé, euphorique, animé par une irrésistible envie de remettre ça.

Alors même si dans le cadre de sept3quarts.com il n’est pas envisageable d’accompagner des motards désireux d’expérimenter le off-road, je vais garder cette flamme personnelle bien au chaud pour recommencer, progresser, et envisager des expériences plus corsées.


Je dédie ce compte-rendu à Ben (insta @benamoto) et Greg (insta @funkyflush)


Il est important de remercier la Mairie des Contamines Montjoie, pour leur intelligent arrêté municipal, considérant le passage de véhicules terrestres à moteur interdit, seulement de manière temporaire du ⛔️ 1er juillet au 15 septembre de chaque année, de 9h à 18h. Du 16 septembre au 30 juin de chaque année, le passage est libre. Alors restez courtois avec les autres sportifs, marcheurs, cyclistes. Un arrêt pour laisser passer, un signe, un bonjour et autre merci aideront sans nul doute à garder cet arrêté en l’état.